Wilfred Ndidi à Beşiktaş : l'homme de l'ombre qui peut transformer Beşiktaş

Wilfred Ndidi arrive à Beşiktaş avec l'étiquette d'un milieu défensif expérimenté, aguerri aux exigences de la Premier League. Bien qu'il ait perdu en explosivité ces dernières saisons, il compense ce déclin physique par un excellent sens du placement, une lecture du jeu de haut niveau et un mental solide, faisant de lui un véritable leader sur le terrain.

Spécialiste de la récupération, Ndidi se distingue par sa capacité à couper les attaques adverses et à sécuriser la zone devant sa défense grâce à un positionnement intelligent, souvent entre les ailiers et les attaquants adverses. Sa présence dans les duels aériens constitue également un atout majeur, apportant une dimension physique que Beşiktaş recherchait depuis longtemps.

Cependant, certaines limites doivent être relevées. Mobilité réduite, qui l'empêche de changer rapidement de direction et affecte parfois sa capacité à ressortir proprement du pressing. Passes prudentes, majoritairement courtes et sécurisées, malgré une technique correcte. Faible influence dans la construction, avec peu de projections balle au pied et une participation limitée dans les passes progressives. Créativité restreinte dans les zones offensives, ce qui le cantonne à un rôle strictement défensif.

En résumé, Ndidi reste un récupérateur pur, un milieu capable de sécuriser son équipe, mais qui laisse naturellement la création et la progression du jeu aux autres joueurs autour de lui.

Beşiktaş dispose d'un milieu de terrain riche en joueurs techniques mais qui manque de diversité et d'impact physique. Orkun Kökçü, Rafa Silva, Demir Ege Tiknaz, Kartal Kayra, Amir Hadziahmetovic et Salih Uçan privilégient tous la possession et la création, mais aucun ne parvient à imposer une véritable dureté dans les duels.

Les jeunes comme Demir Ege ou Kartal Kayra montrent un bon niveau technique, mais restent encore trop tendres physiquement et mentalement. Salih Uçan est un joueur de ballon intéressant mais trop irrégulier pour stabiliser le milieu.

Seul Tayfur Bingöl offre un profil plus travailleur, capable de courir et de presser avec un état d'esprit combatif. Toutefois, il ne suffit pas à combler le manque de solidité défensive globale.

En parallèle, les départs annoncés d'Onana, Elan Ricardo et Oxlade-Chamberlain, ainsi que celui de Gedson Fernandes, aggravent ce déficit. La perte de Gedson est particulièrement préjudiciable, lui qui combinait agressivité, projections vers l'avant et capacité à faire basculer le jeu vers les transitions rapides, domaine où Beşiktaş avait souvent excellé contre les grandes équipes.

Aujourd'hui, ce milieu est critiqué pour son manque d'impact physique, incapable de dominer dans les duels. Sa mentalité défensive insuffisante, se montrant trop tendre dans les matchs intenses. L'absence de diversité des profils, avec trop de joueurs orientés vers la possession et peu de joueurs de devoir.

L'absence d'un joueur capable d'assumer le "sale boulot" s'est cruellement fait sentir dans les phases de récupération et de transitions défensives.

Dans ce contexte, l'arrivée de Wilfred Ndidi est un tournant majeur pour Beşiktaş.

• Renforcer l'équilibre défensif : Ndidi est capable de couper les transitions adverses et de protéger une défense qui a besoin d'un soutien constant. Son positionnement discipliné sera un atout pour stabiliser l'équipe. Dominer dans les duels : notamment aériens, en apportant une densité physique qui permettra de démarrer les actions plus haut sur le terrain et de soulager la défense. Libérer Orkun Kökçü (ou un autre créateur) : avec Ndidi pour sécuriser derrière, Kökçü pourra se concentrer sur sa vision du jeu, ses passes verticales et l'organisation offensive.

Cependant, Ndidi n'est pas un joueur qui se projette balle au pied ni qui apporte une contribution dans le dernier tiers. Son rendement dépendra donc du système et des joueurs qui l'entourent.

Dans un 4-3-3, il est idéal en pointe basse, couvrant les espaces derrière les deux autres milieux. Toutefois, un mauvais équilibre avec Rafa Silva et Kökçü pourrait exposer l'équipe. Dans un 4-2-3-1 il peut exceller dans un double pivot, mais cela nécessite des ailiers capables d'assurer les transitions rapides. Sans ce complément, Beşiktaş manquera de vitesse et d'impact dans les phases offensives. De plus, si Rafa ne fait plus les efforts défensifs, Ndidi sera surchargé et l'équilibre pourrait être rompu.

Le recrutement de Wilfred Ndidi est avant tout un choix stratégique qui pourrait changer l'identité de Beşiktaş au milieu de terrain. Il ne viendra pas pour embellir le jeu, mais pour l'équilibrer et donner à l'équipe ce qu'elle n'avait plus : un joueur capable d'imposer un rapport de force, de sécuriser la défense et d'apporter une présence physique indispensable.

Ndidi est un vrai récupérateur qui manquait cruellement au club. Il permettra aux créateurs comme Kökçü de s'exprimer pleinement, mais il devra être entouré de joueurs complémentaires pour que son apport soit maximisé.

Avec lui, Beşiktaş gagne un leader silencieux, un joueur de devoir, celui qui fait le sale boulot pour que l'équipe retrouve son équilibre. Mais ce renfort ne suffira que si l'entraîneur bâtit un système qui exploite son profil tout en compensant ses limites offensives.

Ndidi peut transformer ce milieu trop tendre en une véritable arme collective, mais seulement si Beşiktaş ajuste son animation autour de lui sinon ça sera un transfert encore raté par Beşiktaş.