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Fenerbahçe renverse Feyenoord : Kadıköy en feu pour une qualification méritée

13/08/2025
5 min de lecture

Un match aller sous pression : Feyenoord impose son tempo, Fenerbahçe trop timide

Le match aller à Rotterdam a laissé un goût amer pour Fenerbahçe, non pas seulement à cause du score (2-1), mais en raison d'une première période à sens unique, où Feyenoord a dicté son tempo sans réelle opposition. Pendant 35 minutes, les hommes de Robin van Persie ont confisqué le ballon et enfermé le bloc turc dans ses 30 derniers mètres. La domination néerlandaise était totale, et surtout méritée.

José Mourinho avait opté pour une approche très prudente, voire trop défensive. En misant sur des contres rapides, Fenerbahçe espérait exploiter la profondeur, mais cette stratégie a cruellement exposé les limites de l'équipe dans la vitesse de transition. Le jeu de contre n'a jamais pris forme. Les projections étaient lentes, mal coordonnées, et la première ligne de pressing, composée des trois attaquants, a été trop passive pour perturber la relance adverse.

Face à cela, Hwang In-beom a eu tout le loisir d'orchestrer le jeu. Intouchable dans son rôle de chef d'orchestre, il a distribué sans opposition, souvent sans même lever la tête. Quinten Timber, dans un rôle complémentaire, a apporté un vrai impact technique et physique. Il a non seulement coupé les lignes de passe de Fenerbahçe, mais s'est aussi projeté vers l'avant avec détermination. Le but d'ouverture, survenu dans cette période de domination, n'était que la juste récompense d'une équipe qui avait méthodiquement traversé chaque rideau défensif.

La seconde période a offert un visage bien différent. Fenerbahçe est monté d'un cran, jouant plus haut, plus compact. L'équipe semblait mieux en place, plus consciente de la nécessité de mordre dans les duels. Mais le manque d'un Edin Džeko dans la construction a montré énormément de point d'interrogation dans l'animation offensif. Sans son point d'appui, les connexions dans les trente derniers mètres ont manqué de clarté. Szymanski, en difficulté, n'a jamais su trouver son rythme. Son pressing vers l'avant, habituellement l'une de ses forces, est resté inefficace, et il n'a pas su apporter la moindre menace entre les lignes.

Le but de Sofyan Amrabat, puissant et libérateur, a redonné espoir. À 1-1, Fenerbahçe semblait revenir dans le match, physiquement et mentalement. Mais une nouvelle erreur défensive a coûté cher : Anis Hadj Moussa, oublié au second poteau, a profité d'un centre parfait de Jordan Bos pour marquer de la tête entre Oosterwolde et un Archie Brown complètement en retard.

Ce but tardif interroge : si la responsabilité semble partagée entre les défenseurs, le vrai problème est peut-être structurel. Le plan de Mourinho, basé sur une défense à trois avec des pistons censés dynamiser les ailes, a souvent laissé ces derniers trop bas. Résultat : Feyenoord a souvent pu construire sur les côtés sans pression, laissant les latéraux adverses s'avancer et centrer avec tout le temps du monde. Une faille tactique récurrente qu'il faudra corriger pour espérer viser plus haut.

Welcome to Hell ! Fenerbahçe en réaction : une remontée maîtrisée mais imparfaite

Le retour à Kadıköy a été un tout autre match. Poussé par un public en feu grâce à Mourinho, Fenerbahçe est entré sur le terrain avec une intensité bien différente de celle affichée à Rotterdam. Cette fois, l'équipe ne s'est pas cachée : pressing plus haut, latéraux dans l'animation offensif, et une volonté d'étouffer Feyenoord dès la relance. L'entame, bien que légèrement désordonnée pendant 15 minutes, a suffi à repousser les Néerlandais loin de leur zone de confort.

Mais contre le cours du jeu, Feyenoord ouvrait le score sur coup de pied arrêté sur une énorme erreur de concentration et de professionnalisme d'Irfan Can Egribayat. Une fois encore, Fenerbahçe allait offrir une soirée cauchemardesque à ses supporteurs. Cette ouverture du score exposait un point faible récurrent : la fébrilité de Fenerbahçe sur coups de pied arrêtés ou dans les airs malgré une défense avec beaucoup de taille.

Mais contrairement au match aller, la réaction a été immédiate. Trois minutes plus tard, un corner mal dégagé offrait à Archie Brown son premier but et une délivrance sur son jeu, et sa tête égalisait le score. Porté par cet élan, Fenerbahçe continuait d'appuyer, et dans les arrêts de jeu de la première mi-temps, sur une longue passe d'Amrabat, En-Nesyri remettait intelligemment de la tête pour Duran, qui finissait proprement pour redonner l'avantage aux Turcs. Ce but était crucial : il égalisait sur l'ensemble des deux matchs et renversait la dynamique mentale.

La seconde période allait confirmer la montée en puissance du Fener. L'entrée de Borges côté Feyenoord aurait pu tout changer, mais Irfan Can Egribayat sortait une parade monumentale du pied. Quelques minutes plus tard, un pressing d'Archie Brown très haut sur le terrain, permet à Fred de libérait le stade avec une frappe lointaine aussi puissante que précise, pleine lucarne, pour donner l'avantage cumulé.

Fenerbahçe maîtrisait le tempo, mais les failles restaient visibles. Après l'entrée de Talisca, censée apporter du contrôle et du liant, le bloc stambouliote a commencé à reculer. Le pressing initial, intense et structuré, s'est affaibli. Feyenoord en a profité pour s'installer plus facilement dans le camp adverse, trouvant davantage d'espaces entre les lignes. Cette phase a révélé un changement de rythme flagrant, où Fenerbahçe a laissé l'initiative à son adversaire.

Mais c'est justement dans cette période de flottement que les Turcs ont prouvé leur force de transition. Sur une récupération d'En-Nesyri dans sa propre moitié de terrain, l'action s'est construite avec fluidité et détermination. Le Marocain a lancé la contre-attaque, Szymanski a pris le relais, avant de parfaitement décaler Archie Brown sur la gauche. Ce dernier, dans une action millimétrée, déposait un centre à ras de terre repris par En-Nesyri lui-même, revenu conclure ce qu'il avait initié. Une séquence exemplaire, tant par sa vitesse que par sa précision, et surtout révélatrice d'un visage bien plus engagé et collectif.

Mais alors que Kadıköy s'apprêtait à fêter cette marge décisive, la fébrilité défensive ressurgissait une nouvelle fois. Watanabe, déjà buteur, profitait d'un second ballon mal renvoyé pour inscrire son doublé d'une frappe sèche à l'entrée de la surface. Aucun joueur n'est sorti sur lui, laissant le Japonais frapper librement, dans une zone où l'agressivité défensive manquait encore cruellement. À 4-2, l'ombre d'un retournement planait, sans pour autant briser la dynamique turque.

Le dernier mot revenait à Anderson Talisca, il a finalement plié la rencontre d'une frappe placée, confirmant la supériorité stambouliote sur ce second acte. Si Feyenoord s'était montré plus réaliste à l'aller, Fenerbahçe, lui, avait su répondre avec caractère et maîtrise.

Une qualification salvatrice, mais un chantier toujours en cours

Ce 5-2 a confirmé que Fenerbahçe est capable de hausser son niveau dans les grands rendez-vous, mais également que certaines lacunes restent visibles tant les transferts peinent à venir. La défense sur coups de pied arrêtés, le repli des pistons, et l'équilibre du milieu et l'animation offensive restent perfectibles.

Mais ce soir-là, la réaction collective, la densité offensive et l'énergie injectée par Kadıköy ont suffi. Le duo En-Nesyri – Duran a fonctionné, Fred a assumé son rôle de patron, et la capacité de l'équipe a se régénérer dans la tempête a été remarquable. Malheuresement, cela ne suffira pas sur toute une année et Fenerbahçe doit absolument elever encore plus son niveau et ses intentions offensives.

Fenerbahçe retrouve donc le droit de rêver. Après dix-sept ans d'absence, les barrages de Ligue des Champions face à Benfica seront un ultime test. Cette double confrontation face à Feyenoord a prouvé que les Canaris peuvent mordre. Il leur reste à voler plus haut.