Kerem Aktürkoğlu de retour en Turquie mais à Fenerbahçe

Kerem Aktürkoğlu débarque à Fenerbahçe après avoir été l'un des joueurs offensifs les plus influents de Galatasaray ces dernières saisons, puis avoir confirmé ses qualités lors d'un passage statistiquement réussi à Benfica.

C'est un joueur à la fois percutant et polyvalent, capable d'évoluer sur tout le front de l'attaque : ailier gauche, ailier droit, voire en soutien d'un attaquant. Cette flexibilité tactique en fait un atout intéressant pour s'adapter à différents systèmes.

Kerem se distingue également par son activité défensive. Il est performant dans le pressing, avec un volume de course élevé et une capacité à harceler les défenseurs adverses pour provoquer des erreurs ou récupérer des ballons haut sur le terrain. Dans un plan de jeu basé sur l'intensité, il peut être un élément clé pour perturber la relance adverse.

Sur le plan offensif, il est particulièrement dangereux dans les transitions rapides, où sa vitesse et sa capacité à attaquer les espaces laissés par les défenses adverses font la différence. Son jeu sans ballon est l'une de ses grandes forces : il sait parfaitement se déplacer derrière les lignes pour se retrouver dans les bonnes zones, notamment dans la surface, où il se montre souvent opportuniste.

Cependant, Kerem présente plusieurs limites. Un paradoxe dans la finition : malgré une belle technique de frappe, un bon sens du but et un instinct de renard de surface, il manque encore d'efficacité dans les moments décisifs. Un manque d'impact physique le rend vulnérable contre les défenses compactes et rugueuses. Ses contrôles de balle problématiques entraînent de nombreuses pertes de balle et limitent sa fluidité dans le jeu. Enfin, un problème mental se manifeste par une tendance à se démobiliser ou à "bouder" lorsque les choses tournent mal. La pression des supporteurs peut avoir un impact direct sur son comportement et sa régularité dans un match.

En résumé, Kerem Aktürkoğlu est un ailier-buteur polyvalent, capable de dynamiter un match par un pressing intense et des appels tranchants, mais qui reste un joueur d'exploits individuels plus qu'un ailier créatif structurant le jeu collectif.

Depuis plusieurs saisons, Fenerbahçe est confronté à un problème récurrent sur les ailes et dans sa construction offensive. Le club a souvent aligné des milieux offensifs repositionnés plutôt que de véritables ailiers de percussion. Ce choix tactique a entraîné un manque chronique de joueurs capables de prendre la profondeur, de provoquer en un contre un et d'attaquer les espaces derrière les défenses adverses. Cette carence a rendu le jeu de Fenerbahçe prévisible, avec un bloc offensif trop statique et facile à contenir.

La perte de Dusan Tadić accentue ce problème. Depuis deux saisons, Tadić était le principal créateur sur les ailes, assumant à la fois la construction, les décalages, les centres et même la régulation du jeu offensif par sa vision et son expérience. Son départ laisse un vide énorme dans l'organisation offensive.

Dans l'effectif actuel, İrfan Can Kahveci reste une solution technique mais pas un joueur qui attaque la profondeur. Après une saison exceptionnelle sous İsmail Kartal, il a connu un recul sous Mourinho, qui privilégie un jeu plus vertical et plus intense. Oğuz Aydın, révélation d'Alanyaspor, apporte de la polyvalence et un profil plus direct, mais il reste encore un joueur en apprentissage au très haut niveau et n'a pas encore montré la régularité nécessaire. Cengiz Ünder, pourtant un ailier de métier, ne fait pas partie des plans en Europe et n'entre pas dans les schémas de Mourinho. Enfin, Emre Mor est considéré comme indésirable et ne constitue plus une option.

Aujourd'hui, Mourinho doit donc composer avec İrfan et Oğuz comme principaux ailiers, ce qui apparaît insuffisant, surtout dans la perspective d'un calendrier chargé avec des ambitions européennes. Ces profils ne répondent pas pleinement aux exigences de l'entraîneur portugais, qui souhaite un joueur capable de prendre la profondeur, d'apporter de la vitesse et d'attaquer les espaces avec régularité.

Mais le problème de Fenerbahçe ne se limite pas aux ailes. La construction du jeu depuis la zone de pression basse pose également un gros souci. L'équipe peine à ressortir proprement sous pressing, faute de mobilité au milieu et de créativité dans les premières phases de relance. Les milieux actuels offrent peu de solutions de mouvement, ce qui ralentit la progression du ballon vers le camp adverse. Le jeu reste souvent stérile, avec de nombreuses passes latérales et un manque de projection verticale.

Cette double problématique, l'absence de joueurs qui prennent la profondeur et le manque de mobilité et créativité dans la relance, freine considérablement Fenerbahçe dans les matchs où l'adversaire impose une intensité élevée. Mourinho a identifié ces lacunes et réclame donc un joueur offensif rapide mais aussi capable de faire le lien entre les phases de transition.

L'arrivée de Kerem Aktürkoğlu à Fenerbahçe répond à une partie des besoins identifiés par José Mourinho, mais pas à tous.

Sur le plan individuel, Kerem possède les qualités recherchées par l'entraîneur portugais. Sa vitesse et ses appels tranchants lui permettent d'attaquer la profondeur. Son activité défensive avec un pressing agressif s'inscrit parfaitement dans la philosophie de Mourinho. Sa polyvalence sur le front offensif offre des solutions tactiques variées. Enfin, son instinct de buteur lui permet de marquer même lorsqu'il est discret dans le jeu.

Dans un système basé sur la verticalité et les transitions rapides, il peut être un élément clé, apportant une menace constante dans les grands espaces et une capacité à faire reculer les blocs adverses.

Cependant, Kerem ne résout pas les problèmes structurels de Fenerbahçe. Il ne participe pas à la construction et n'offre pas de solutions techniques dans les phases de relance sous pressing. Ses pertes de balle fréquentes et son manque de dribble dans les espaces réduits peuvent être un poids dans les matchs où l'équipe doit dominer. Mentalement, il peut manquer de constance et être influencé par la pression, un facteur important dans un club aussi exigeant que Fenerbahçe.

Ainsi, si Kerem est un renfort, capable de donner à Mourinho un joueur qui correspond à sa philosophie, il ne règle pas le manque de créativité ni la difficulté de l'équipe à lier la défense à l'attaque. Pour exploiter pleinement ses qualités, Fenerbahçe devra ajouter des profils complémentaires, notamment au milieu, afin de sécuriser la relance et d'installer un jeu collectif plus fluide où il sera positionné très haut, proche de l'attaquant pouvant lui permettre d'être utilisé le moins possible dans la création.

Kerem Aktürkoğlu est une arme de transition et de profondeur, mais il ne suffira pas à transformer Fenerbahçe en une équipe complète capable de dominer tous les registres du jeu.